Pour sa survie, l’Europe doit conquérir l’intelligence artificielle

AUTEUR DE LA PUBLICATION

L’Europe est une merveilleuse maman: bienveillante, maternante et douce. Le problème est que nous sommes en guerre. Une guerre technologique encore plus implacable que les précédentes. Et notre continent n’a pas l’arme du moment: l’intelligence artificielle (IA). Technologiquement, l’Europe n’est pas loin d’un décrochage définitif.

Au forum parlementaire de l’IA, organisé le 14 novembre par Romain Mouton, Airbus a expliqué à quel point l’IA de Google lui est indispensable. L’excellent patron d’AccorHotels, Stéphane Bazin, qui a jadis recherché l’autonomie par rapport aux Gafa, s’interroge: « Peut-être faut-il maintenant que nous nous rapprochions de Google, Amazon et Microsoft? » Sans les Gafa, nos entreprises dépériraient, parce qu’il n’y a aucune alternative européenne.

L’histoire de l’hébergeur OVH, petit joyau créé par un entrepreneur courageux et talentueux, Octave Klaba, témoigne de l’aveuglement technologique de la France. L’Etat a investi des sommes folles pour créer avec de l’argent public deux concurrents à OVH dans l’espoir de bâtir un « cloud souverain »: cette chimère bureaucratique est morte, et cet épisode a empêché OVH de devenir l’égal du cloud d’Amazon!

Derrière l’échec de l’Europe sur l’IA, il y aura la vassalisation militaire: l’Europe sera un nain géopolitique parce qu’elle devient un nain technologique. La faible croissance européenne empêchera d’investir dans la cybersécurité. La France est, depuis le Brexit, la seule puissance militaire numérique européenne, et la Défense est le seul ministère compétent en IA, Bercy ne l’étant pas.

Les leaders de l’IA, futurs maîtres du monde

Des groupes comme Thales, qui vient de déplacer le coeur de sa recherche en IA en Amérique du Nord, ou des start-up comme ITrust font des choses magnifiques, mais, à moyen terme, la France ne pourra seule assurer la cybersécurité européenne face au duopole américano-chinois sur l’IA: il va falloir investir des dizaines de milliards d’euros.

Personne n’a avoué à nos concitoyens que notre armée sera en 2030 totalement impuissante en cas de vrai conflit. L’état-major a-t-il osé le dire au président Macron? Même s’ils ne sont pas branchés sur Internet, nos missiles ne décolleront pas, nos avions seront cloués au sol, et nos généraux seront aveuglés par les IA américaines ou chinoises.

Aujourd’hui, la traque des djihadistes suppose déjà la coopération des géants du numérique. Poutine a expliqué que les leaders de l’IA seront les futurs maîtres du monde. Le président chinois a annoncé que son pays deviendrait la première puissance technologique, économique et militaire grâce à l’IA.

S’affranchir de « notre colonisation numérique »

Au moment où se lance cette course à « l’IArmement », selon l’expression de Thierry Berthier, personne à Bruxelles ne pense la guerre, et certains veulent bannir les robots militaires, effectivement horribles mais sans lesquels la guerre du futur sera perdue d’avance: même le plus courageux de nos fantassins fuira devant le robot Atlas. Les dirigeants européens sont les Gamelin de l’IA. Après le général Gamelin, qui conduisit la France à l’étrange défaite de 1940, il y eut Pétain. Il va se passer la même chose d’ici à 2050: puisque nous ne comprenons pas la guerre en cours, nous devenons une colonie numérique des géants de l’IA.

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