Les activistes d’Extinction Rebellion saccagent le travail de nos agriculteurs

AUTEUR DE LA PUBLICATION

Olivier Babeau

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Président fondateur de l'Institut Sapiens. Professeur à l'Université de Bordeaux, chroniqueur et essayiste, il a cofondé en décembre 2017 la 1ère Think Tech française.

Olivier Babeau

L’image est désolante : un train entier arrêté en pleine voie, les flancs éventrés déversant 1500 tonnes de céréales sur le ballast. Les activistes qui ont barré la voie au nom de la lutte contre «l’agro-industrie» croyaient stopper un train de soja. En réalité, ils ont provoqué la perte de blé destiné à nourrir les volailles. Au-delà de la stupidité d’une action démontrant une singulière ignorance et du gâchis d’une céréale dont le cours est au plus haut, c’est la signification profonde de ces actions de ces groupements qui doit inquiéter.

La bourde de ces représentants de l’organisation tristement connue Extinction Rebellion  ne fait que prolonger les très nombreuses actions qui, à l’image de celles des «faucheurs volontaires», prétendent faire la justice. Ce sont en réalité de véritables saccages qui sont perpétrés, détruisant le travail de nos agricultures. Le droit de propriété est foulé aux pieds en même temps que les cultures. Spécialistes en agriculture de salon et biberonnés à une idéologie sectaire hors-sol, ces activistes savent qu’ils peuvent compter sur la mansuétude de la justice. Il serait temps de se rendre compte de la gravité de ces actions, dont l’effet dépasse de loin les pertes enregistrées sur le moment.

Quelle est la rationalité de ces «happenings» activistes ? Ne représentant qu’une part infinitésimale de l’électorat, ces groupuscules cherchent à contourner le système de la représentation démocratique en exploitant habilement les biais de notre système médiatique. Une poignée de gens décidés peuvent mettre en scène une protestation qui sera grossie par la magie des caméras. L’insignifiance devient événement. Quelques individus se font passer pour «un mouvement». La rhétorique bien-pensante et simpliste assimilant l’entreprise et l’industrie au Mal absolu, et une pseudo-nature fantasmée au Bien, fait le reste. Parés des oripeaux d’une juste colère, ces bourgeois bien nourris jouant aux révolutionnaires font infiniment de mal à une démocratie dont ils prétendent être l’expression ultime. Car le drame est que ces techniques systématiquement utilisées par ces minorités actives marchent : assortis de mensonges répétés avec constance, elles sont notamment parvenues, au fil des années, à instiller dans l’opinion la méfiance envers le nucléaire, les OGM et les innovations agricoles en général. Si nous avons tant tardé à lancer le programme nucléaire dont notre souveraineté et la transition énergétique ont besoin, si nous avons laissé notre agriculture perdre sa place de premier plan, c’est à de semblables exactions qu’on le doit.

Désinformation, violence et dictature de quelques minorités guidées par leurs desseins antisystèmes sont les réalités qu’il faudrait finir par voir derrière ces actions. En vérité, elles n’offrent pas de solutions, dénoncent à contretemps et font reculer le débat démocratique bien plus qu’elles ne le promeuvent. Substituant des slogans aux arguments, préférant l’anathème idéologique à la confrontation lucide aux faits, ces groupes d’activistes profitent de la faiblesse d’un débat public qui peine à développer des échanges approfondis sur bien des sujets essentiels. Au moment où les pénuries alimentaires menacent le monde, où le contexte géopolitique appelle des réactions de défense de notre souveraineté et où les défis environnementaux exigent une mobilisation constructive, il serait temps de préférer des débats rationnels et apaisés à ces mises en scène désolantes.

AUTEUR DE LA PUBLICATION

Olivier Babeau

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Président fondateur de l'Institut Sapiens. Professeur à l'Université de Bordeaux, chroniqueur et essayiste, il a cofondé en décembre 2017 la 1ère Think Tech française.