Il n’y aura pas de diminution des émissions des GES d’ici 2040, selon l’OPEP

AUTEUR DE LA PUBLICATION

Alors que les gilets jaunes manifestaient ce samedi 17 novembre 2018 sur l’ensemble du territoire contre l’augmentation du prix des carburants, l’OPEP présentait lors de l’ADIPEC (Abu Dhabi International Petroleum Exhibition & Conférence) son rapport prospectif 2040. L’Institut Sapiens a eu le privilège d’y assister. Nous résumons ci-dessous les conclusions en complet déphasage avec les objectifs de la COP 21.

Croissance démographique

La population globale de la planète devrait croitre de 7.6 Milliards d’individus en 2017 à 9.2 Milliards en 2040. La presque totalité de cette croissance viendra des pays émergents en particulier d’Afrique, d’Inde et du Moyen Orient. Sur cette même période, la population des pays de l’OCDE n’augmentera que de 100 millions d’individus.

Croissance économique

L’OPEP suppose une croissance économique moyenne annuelle 2017/2040 de 3.4% mais avec 4,5% par an dans les pays émergents contre 1,8% per an pour les pays de l’OCDE. En 2017, l’OCDE comptait pour 38% du PIB mondial et la Chine pour 18%. En 2040 la Chine (24%) aura presque rattrapé l’OCDE (27% du PIB mondial).

 

Demande primaire d’énergie

Au cours des 20 prochaines années, la demande d’énergie primaire devrait en moyenne augmenter de 1,2% par an passant de 155 PWh en 2017 à 206 PWh en 2040. La Chine et l’Inde représenteront à elles seules la moitié de cette croissance tandis que 95% sera imputable aux pays émergents. Les pays de l’OCDE verront donc leur consommation d’énergie primaire quasi stagner durant cette période.

Evolution du mix énergétique

L’évolution du mix énergétique 2017 à 2040 est présentée dans le tableau ci-dessous. Il montre que la part des combustibles fossiles aujourd’hui de 84 % (elle a augmenté de 2% en 2017 par rapport à 2016), ne se réduira que de 6% passant à 78%. Un objectif aux antipodes des 2°C 2050 (beaucoup moins ambitieux que les accords de Paris qui visent 1,5°C en 2100) qui imposerait moins de 60% de fossiles dans le mix à l’horizon 2040.

Evolution du mix énergétique entre 2017 et 2040

Source : BP statistical review 2017 et World Oil Outlook 2040

 

En valeur absolue, c’est le gaz naturel qui devrait s’accroitre le plus, sa part dans le mix énergétique passant de 22% aujourd’hui à 25% en 2040. Bien que progressant de 7,4% par an, les énergies renouvelables (incluant les ENRi et la biomasse) ne représenteraient que 10% du mix contre 4% aujourd’hui. Le nucléaire ne progresserait que de 2%.

Quant au pétrole bien que se réduisant en pourcentage dans le mix, sa consommation augmenterait en absolu de 15 millions de baril par jour pour atteindre 112 millions de baril par jour en 2040. Le pétrole resterait à cet horizon le principal combustible du mix avec 28% du marché global. L’ensemble de la croissance de la consommation pétrolière est exclusivement tirée par les pays émergents (+22%) alors qu’elle se réduit (-8,5%) dans les pays de l’OCDE.

Ce scénario permettrait de réduire sensiblement le taux de croissance des émissions par rapport à la tendance actuelle dû surtout à la réduction du charbon mais ne permettrait pas d’enrayer sa hausse absolue qui atteindrait en 2040 39 GtCO2 (contre 35 GtCO2 aujourd’hui).

Conclusion

L’OPEP montre que tous les efforts en termes de transition énergétique pour réduire les émissions seront en grande partie altérés par les croissances démographique et économique des pays émergents qui au cours des 20 prochaines années verront leur consommation énergétique augmenter de façon substantielle empêchant un déplacement massif des énergies fossiles vers les renouvelables. A lecture de ce rapport, l’Institut Sapiens confirme que les objectifs de la COP21 sont intenables. Il s’étonne également de la faiblesse de la croissance nucléaire dans le mix futur alors qu’il représente le moyen le plus efficace pour dé-carboner le mix énergétique.

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