Commerce international : la France perd aussi la bataille des services

AUTEUR DE LA PUBLICATION

Dans  un récent article, « Les Echos » font état d’une nouvelle dégradation du déficit commercial de la France en 2017. Il s’établit à  62,3 milliards d’euros pour les échanges de marchandises. Les principales explications sont l’augmentation du prix du pétrole, de la demande des ménages (consommation) et des entreprises (investissement) qui font progresser les importations plus rapidement que les exportations.

A cela s’ajoute le constat de désindustrialisation du secrétaire d’Etat en charge du commerce extérieur. Selon Jean-Baptiste Lemoyne, les usines françaises n’ont plus les capacités de répondre à la demande.

 

L’autre compte commercial est celui des services (5 milliards d’excédents en 2017, Banque de France). Cité dans l’article en question, Lionel Fontagné remarque justement que le poste des services aux entreprises est déficitaire depuis 2016 (- 5,3 milliards d’euros, puis – 2,8 milliards en 2017) et ne peut plus contribuer à réduire le déficit des échanges biens.

La France perd des parts de marché

Nous réalisons actuellement une étude sur l’évolution des échanges de services de la France et un panel de pays*. L’actualité fournit l’occasion d’en tirer quelques éléments pour éclairer le sujet. La France perd des parts de marché mondial. Elles ont reculé de 7,9 % en quatre ans. En 2012, les exportations de services de la France représentaient 5,3 % des exportations mondiales contre 4,9 % en 2016. Au cours de la période 2012-2016, les parts de marchés de la France se sont contractées de 8 %.

Commerce international : la France perd aussi la bataille des services

La plupart de nos voisins connaissent un recul de leurs parts de marché, à l’exception de l’Allemagne qui accroît son poids dans les échanges mondiaux : 2 % entre 2012-2016. En dehors de l’Italie, l’écart avec les principales économies européennes évolue en notre défaveur dans le commerce international de services.

Les motifs d’inquiétude ne manquent pas. Depuis 2014, la France est devenue la première importatrice de services de notre panel. Pour 100 de PIB, la France importe près de 10 euros de services, alors que nos quatre principaux voisins dépensent en moyenne 7 euros.

Commerce international : la France perd aussi la bataille des services

Nos relations avec l’Allemagne illustrent la situation. En 2012, le solde bilatéral était en notre faveur avec un excédent de 3,5 milliards d’euros. En 2016, nous enregistrons un déficit de – 4,7 milliards. La France a toujours été importatrice nette de services aux entreprises, mais le déficit de ce poste a augmenté de 90 % sur cette période de cinq ans.

Une réforme très attendue

La situation des services français présente des similitudes avec celle de l’industrie (les transports, par exemple, subissent la hausse du pétrole). De manière générale, les exportations de services augmentent également moins vite que leurs importations. Les causes pourraient être identiques, l’offre française a du mal à répondre à la demande, intérieure et extérieure.

Ces causes communes imposent d’être attentif au volet services de la réforme des dispositifs de soutien à l’exportation que Jean-Baptiste Lemoyne présentera prochainement. Cela pourra être l’occasion de poursuivre les réflexions sur les conditions de production des services en France, sans que ne passent 20 ans de « déservicialisation ».


Publié dans Les Echos

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